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L'EVANGILE DE LA VERITE ! LE FLEUVE QUI SORT DE LA BOUCHE DU SERPENT ANTIQUE !
(NH I, 3 ; XII, 2) Traduction de Anne Pasquier (Note*)
16 Joyeuse est la Bonne Nouvelle de la Vérité pour ceux qui ont reçu de la part du Père de la Vérité la grâce de le connaître, par la puissance de la Parole qui émana de la Plénitude — Parole qui résidait dans la Pensée et dans l’Intelligence du Père. C’est elle qui est dénommée « Sauveur », car tel est le nom de l’œuvre qu’elle devait accomplir pour le salut de ceux qui en sont venus à ignorer le Père, tandis que le nom [de] « Bonne Nouvelle » est la révélation de l’espoir puisque, pour ceux qui sont à sa recherche, il signifie la découverte. Parce que ceux qui appartiennent au Tout cherchèrent à connaître celui dont ils sont issus et que le Tout était à l’intérieur de l’Inappréhendable inconcevable, lui qui est au-delà de toute conception, c’est alors que la méconnaissance du Père se fit perturbation et angoisse.
Puis la perturbation se figea à la manière d’un brouillard au point que nul ne put voir.
De ce fait, l’Erreur tira sa puissance. Elle se mit à œuvrer sur sa propre matière dans le vide, ignorante de la Vérité.
Elle consista en une fiction, élaborant artificiellement, grâce à la puissance, une alternative à la Vérité. Or, ce n’était pas une dégradation pour lui, l’Inappréhendable inconcevable. Car elle n’était rien cette perturbation, non plus que l’oubli, non plus que la fabrication mensongère.
En revanche, la Vérité est inaltérable en sa stabilité, imperturbable, et sans artifice. C’est pourquoi, il vous faut mépriser l’Erreur ! Tel est (son) mode : être sans racine. Elle consista en un brouillard à l’égard du Père, subsistant en élaborant des œuvres, oublis et angoisses, afin de leurrer au moyen de ces choses ceux du milieu et de les réduire en captivité.
L’oubli découlant de l’Erreur n’était pas apparent ; ce n’est pas une [chose existante] sous la main du Père. Ce n’est pas entre les mains du Père que l’oubli en est venu à exister. Aurait-il donc pu exister à cause de lui ?
Bien au contraire, ce qui vient à l’existence en lui est la Connaissance, qui est apparue pour que se dissipe l’oubli et que le Père soit connu.
Puisque, s’il en est venu à exister, cet oubli, parce qu’on ne connaissait pas le Père, dès l’instant où le Père sera connu, il n’y aura désormais plus d’oubli.
Telle est la Bonne Nouvelle annonçant Celui que l’on cherchait, qui se révéla aux parfaits de par l’immense compassion du Père :
le mystère caché, Jésus le Christ.
Par son entremise, il illumina ceux qui étaient dans l’obscurité par l’entremise de l’oubli. Il les illumina ; il indiqua un chemin. Et ce chemin est la Vérité qu’il leur a enseignée.
Aussi, l’Erreur s’est-elle déchaînée contre lui, l’a pourchassé. Elle fut broyée en lui, perdit toute vigueur. On le cloua au bois, il devint fruit de la connaissance du Père.
Ce n’est assurément pas parce qu’ils en mangèrent qu’il fut détruit !
Mais, à ceux qui l’ont mangé, il a permis de naître à la joie dans la découverte,
car lui, ceux qu’il a découvert en lui l’ont de même découvert lui en eux, l’Inappréhendable inconcevable. Le Père, qui est parfait, lui le créateur du Tout, c’est en lui qu’est le Tout. Or, si le Tout est privé de lui, puisqu’il a retenu en lui leur perfection, perfection qu’il n’a pas accordée au Tout, — n’était-ce pas jalousie de la part du Père ?
Allons donc ! Quelle jalousie peut exister entre lui et ses membres ?
En effet, si l’Éon avait été . [ . . . . . ], eux n’auraient pu accéder [au] Père. S’il retient leur perfection en lui, c’est pour la leur accorder sous la forme d’un retour à lui ainsi que d’une connaissance unifiée à la perfection. C’est lui qui a ordonné le Tout et c’est en lui qu’est le Tout, or le Tout était privé de lui.
De même que normalement une personne souhaite, lorsque des gens ne la connaissent pas, être connue et aimée, il en est ainsi, car enfin, qu’est-ce qui faisait défaut au Tout sinon cette même Connaissance à propos du Père ?
Il devint un guide apaisant et adonné tout à loisir à l’Enseignement. Il se montra publiquement et prit la parole en tant que maître.
S’approchèrent ceux qui d’après leur propre estimation sont des sages, lui tendant un piège. Mais il les confondait car ils étaient vides. Ils le haïrent car ils étaient sans intelligence en vérité.
Après tous ces gens s’approchèrent aussi les tout-petits qui possèdent la connaissance du Père. Ayant été fortifiés, ils avaient appris à connaître les empreintes à l’effigie du Père : ils reconnurent et furent reconnus, ils furent glorifiés et glorifièrent.
Ils prirent conscience du Livre vivant des vivants qui est écrit dans la Pensée et dans l’Intelligence [du P]ère. Or dès avant la fon[da]tion du Tout, c’est dans ce qu’il y a d’incompréhensible en lui qu’est inscrit ce (livre) que nul n’est en mesure de porter — car à qui le portera il est réservé d’être mis à mort —, si bien qu’aucun de ceux qui ont eu foi dans le salut n’aurait pu apparaître si le livre n’avait paru au grand jour. 10 C’est pourquoi, le compatissant, Jésus le fidèle, supporta avec patience les tourments au point de porter ce même livre, car il sait que sa mort est source de vie pour beaucoup.
15 De même qu’est cachée dans un testament non encore ouvert la fortune du maître de maison décédé, de même également le Tout était-il caché, dans la mesure où le Père du Tout est invisible, car il constitue sa descendance, Lui par qui chaque voie est promulguée.
Ainsi Jésus est-il apparu, il s’enroula dans ce livre, il fut cloué au bois et afficha l’édit du Père sur la croix. Ô que de grandeur dans un tel enseignement : en condescendant à la mort, la vie éternelle le revêt. Parce qu’il s’est dépouillé de ces haillons corruptibles, il a revêtu l’incorruptibilité, cette (vie) que nul n’est en mesure de lui enlever.
S’étant engagé dans les voies stériles, lourdes de menaces, il se fit un chemin à travers celles qui sont dépouillées du fait de l’oubli, car il est connaissance et perfection, lisant à haute voix ce qui est en elles [ . . . ] . . . . . [ ] instruire ceux qui doivent être instruits.
Or, ceux qui doivent être instruits sont les vivants inscrits dans le livre des vivants. C’est sur eux-mêmes qu’ils s’instruisent, car ils sont les (biens) reçus du Père, tout en étant retournés à lui. Comme c’est dans le Père qu’est la perfection du Tout, il est nécessaire que le Tout accède à lui. L’individu qui est parvenu à cet état de conscience hérite alors de ses biens propres et les tire à lui.
Car celui qui est inconscient est dépossédé, et ce dont il est dépossédé est considérable puisqu’il est dépossédé de cela même qui le comblerait. Comme c’est dans le Père que réside la perfection du Tout, il est donc nécessaire que le Tout accède à lui et que chacun obtienne ainsi ses biens propres.
S’il les a inscrits à l’avance, c’est qu’il les avaient destinés à ses descendants : ceux dont il a déterminé à l’avance le nom, à la fin furent appelés.
C’est donc que toute personne consciente est celle-là même dont le Père a prononcé le nom.
Car celui dont le nom n’a pas été cité est inconscient. Comment, sinon, quelqu’un pourrait-il entendre si son nom n’a pas été proclamé ?
Assurément, qui est inconscient jusqu’à la fin est une créature de l’oubli et se dissipera avec lui.
Pourquoi, sinon, les gens frappés d’indignité ne sont-ils pas nommés ? Pourquoi n’y a-t-il pas pour eux de convocation ?
Dès lors, si quelqu’un est conscient, il est d’en haut. Lorsqu’on l’appelle, il entend, répond, se tourne vers celui qui l’appelle, puis va le trouver.
Il sait alors comment il se fait qu’on l’appelle :
en toute connaissance, il accomplit la volonté de celui qui l’a appelé, il cherche à lui plaire, il est dispos. Le nom d’un individu lui revient en propre : qui sera parvenu à un tel état de conscience sait d’où il vient et où il va. Il est devenu lucide. Comme un homme qui a été ivre, il s’est désenivré. Ayant repris ses esprits, il a remit de l’ordre dans ses affaires. Il en a détourné beaucoup de l’égarement et il les a entraînés vers leurs voies d’où ils s’étaient déplacés, lorsqu’ils s’étaient égarés à cause de la profondeur de Celui qui circonscrit chaque voie alors que rien ne le circonscrit.
C’eût été grandement étonnant qu’ils aient été dans le Père sans le connaître et qu’ils aient été capables de paraître par eux-mêmes, étant donné qu’ils étaient incapables de se comprendre ni de connaître celui en qui ils étaient, si en effet sa volonté ne s’était pas déclarée.
Il l’a effectivement manifestée pour la faire connaître, les lots qui en font partie étant tous en concordance avec cela.
Telle est la connaissance du Livre vivant qu’il a divulguée aux 23 éons porte à confusion, jusqu’à la dernière de se[s] [let]tres.
Celui-ci ne se présente pas comme s’il s’agissait d’éléments vocaliques pas plus que ce ne sont des consonnes muettes, pour que quelqu’un les lise et se perde en réflexions stériles. Mais, bien plutôt, ce sont des lettres de Vérité ne proclamant et ne connaissant qu’elles-mêmes. Et chaque lettre représente un savoir complet, à la manière d’un livre complet, car ce sont des lettres qui furent écrites dans l’unité, le Père les ayant écrites pour les éons afin, qu’à l’aide des lettres qui le composent, ils connaissent le Père.
Alors que Sa Sagesse médite la Parole, que Son Enseignement la proclame, Sa Connaissance s’est révélée. Sa longanimité étant une couronne sur sa tête, la joie s’harmonisant à lui, sa gloire l’a exalté. Sa forme l’a révélé. Son repos, l’a absorbé. Son amour l’a revêtu d’un corps. Sa fidélité l’a lié.
C’est ainsi que le Verbe du Père fait route au sein du Tout, fruit [de] sa réflexion et empreinte de sa volonté, lui qui porte le Tout, en les choisissant, assumant en même temps l’empreinte du Tout en les purifiant,
les reconduisant au Père, à la Mère, Jésus à la douceur infinie.
Car le Père a ouvert son sein, son sein qui est l’Esprit Saint, dévoilant son mystère, son mystère qui est le Fils, pour que sorti des entrailles du Père on le connaisse et pour que les éons cessent de peiner à la recherche du Père, goûtant en lui la paix, constatant que celui-ci est la paix.
En ayant comblé la déficience, il a dissout l’apparence — son apparence est le monde en lequel il avait servi. 25 Car là où règnent jalousie et discorde est la déficience, mais là où règne l’unité est la plénitude.
Car si la déficience en est venue à exister parce que l’on ne connaissait pas le Père, à partir du moment où il y aura connaissance du Père, la déficience cessera d’exister. Comme il en est de l’ignorance chez une personne : à partir du moment où elle connaît, se dissipe d’elle-même son ignorance, comme il en est de l’obscurité qui se dissipe lorsque paraît la lumière, ainsi la déficience se dissipe-t-elle pareillement dans la plénitude, et par conséquent l’apparence disparaît.
Eh bien, c’est dans l’harmonie de l’unité qu’elle doit se dissiper, car même si pour le moment leurs œuvres se présentent sous une forme dispersée, avec le temps l’unité perfectionnera les voies. C’est dans l’unité que chacun l’obtiendra, en toute connaissance qu’il se purifiera de la multiplicité pour parvenir à une unité, consumant en lui la matière à la manière d’un feu, et l’obscurité dans la lumière, la mort dans la vie.
Si donc cela est arrivé à chacun de nous, eh bien, il nous faut penser à l’ensemble afin que la maisonnée soit rendue sainte et paisible dans l’unité.
De même que des gens ont déménagé et que, parce qu’ils possédaient des vases qui par endroits étaient défectueux, ceux-ci s’étaient brisés ; alors le maître de maison n’est pas porté à l’économie mais il se réjouit, parce qu’en effet, au lieu des mauvais vases, ce sont ceux qui sont pleins que l’on remplit :
il en est ainsi pour le Jugement qui provient d’en haut, ayant jugé chacun, car c’est une épée à double tranchant, coupant d’un côté comme de l’autre.
Lorsque apparut au grand jour la Parole qui est dans le cœur de ceux qui la profèrent, — ce n’est pas uniquement un son mais elle prit corps — il se produisit parmi les vases un bouleversement extrême :
certains furent vidés, d’autres, remplis, et voici que d’autres furent pourvus en abondance, que d’autres se répandirent, certains furent nettoyés, d’autres encore, brisés en morceaux. Toutes voies furent ébranlées et bouleversées car elles n’ont pas d’assise et pas de stabilité.
Et alors l’Erreur s’est agitée fébrilement, ne sachant que faire :
elle s’afflige, pousse des gémissements, se jette de la poussière sur la tête, puisqu’elle ne sait rien, tandis que s’est approchée la Connaissance, ce qui signifie sa destruction et celle de tous ses lots. L’Erreur est vide, en elle il n’y a que néant. La Vérité apparut au grand jour, tous ses lots la connurent. 30 Ils embrassèrent le Père véritablement et avec une puissance parfaite, car elle les unit au Père. Quiconque en effet aime la Vérité, dans la mesure où la Vérité est la bouche du Père, que sa langue est l’Esprit Saint, que celui qui embrasse la Vérité,
c’est la bouche du Père qu’il embrasse, c’est par sa langue qu’il recevra l’Esprit Saint. 5 Telle est en effet la révélation du Père et la manière dont il se dévoile à ses éons. Il révéla ce qui de lui est caché, il le délivra.
Quel est effectivement celui qui conçoit si ce n’est le Père seul ?
Toute voie est don de sa part. Ce dont ils prirent conscience, c’est qu’ils étaient venus de lui, à la manière des embryons dans une personne adulte,
et reconnaissaient qu’ils n’avaient pas encore été formés ni n’avaient reçu de nom.
Quand le Père engendre chacun d’eux, c’est alors qu’ils sont enclins à le connaître. Sinon, bien qu’ils soient en lui, ils ne le connaissent pas.
Tandis que le Père est parfait, connaissant toute voie qui est en lui.
Au moment où il le désire, son désir, il le manifeste en lui donnant forme et en lui donnant nom. Et lui donnant nom, ce faisant, il fait en sorte de faire venir à l’existence ceux-là qui, tandis qu’ils n’existent pas encore, ignorent celui qui les a façonnés.
Ce que je dis, ce n’est donc pas que sont néant ceux qui n’existent pas encore, mais qu’ils existent en celui qui aura le désir de les faire venir à l’Être, au moment où il le désire, au moment opportun à venir. Bien que rien ne soit encore apparu, il connaît pourtant ce qu’il va produire. Tandis que le fruit non encore apparu, ne sait rien ni ne produit quoi que ce soit non plus.
Ainsi toute voie qui se trouve semblablement dans le Père provient de ce qui existe, lui qui pour sa part l’a fait se lever à partir de l’inexistence.
Car celui qui est sans racine ne donne pas de fruit non plus. Il aura beau penser en lui-même : « Je suis venu à l’existence », il ne se dissipera pas moins de lui-même. Voilà pourquoi celui qui est totalement inexistant ne viendra pas non plus à l’existence.
Que peut-il bien espérer, pour qu’il se dise en lui-même : « J’existe » ?
Comme il en est des ombres et des apparitions nocturnes, que brille la lumière du jour, c’est de l’angoisse qu’éprouve celui-là en constatant que cela n’existe pas. Ainsi était-on dans l’ignorance du Père, puisqu’il est celui qu’on ne pouvait pas voir. Parce qu’il y avait de l’angoisse, du désarroi, instabilité, indécision et division, il en résultait maintes illusions, opérantes à cause de cela, ainsi que de vaines désinformations. Tout comme si des gens s’étaient endormis et se soient retrouvés au milieu de rêves déroutants — ou il y a quelque endroit qu’ils s’efforcent en hâte d’atteindre, ou ils sont incapables de bouger, alors qu’ils sont à la poursuite de certaines personnes ; ou ils s’engagent dans une bagarre.
Lorsque la lumière eut parlé par sa bouche et que sa voix eut enfanté la Vie,
il leur accorda intelligence et entendement, miséricorde et salut de même que la Puissance spirituelle, à partir de l’infinité du Père et de sa douceur.
C’est ainsi qu’il fit cesser punitions et tourments. Car ceux qui eurent besoin de miséricorde, ce sont ceux qui s’étaient perdus aux yeux de certains, sous l’emprise de l’Erreur et de ses liens.
Avec puissance, il les délivra et les confondit par la connaissance. Il devint chemin pour ceux qui s’étaient égarés, connaissance pour ceux qui sont dans l’ignorance, découverte pour ceux qui cherchaient, soutien de ceux qui tremblaient, pureté pour ceux qui étaient souillés.
C’est bien lui le berger qui laissa derrière les quatre-vingt-dix-neuf brebis qui ne s’étaient pas égarées et vint chercher celle qui s’était égarée. Il fut plein de joie, lorsqu’il la trouva. Car quatre-vingt-dix-neuf est un nombre qui est compris dans la main gauche. En revanche, une fois que l’on a trouvé le un, le nombre entier est transféré à droite.
De même, c’est ce qui est privé de l’un, c’est-à-dire la main droite toute entière, qui attire ce qui manque et le prend du côté gauche pour le faire passer à droite, et ainsi le nombre devient cent. Tel est le symbole de ce (les nombres) qui se trouve sous leur prononciation (lettres).
Tel est le Père : même pendant le sabbat, la brebis qu’il a trouvée tombée dans le fossé, il peine pour elle. Il garde en vie la brebis, une fois qu’il l’a remontée du fossé.
Veillez à comprendre spirituellement, — vous, les fils de la compréhension spirituelle — ce qu’est le sabbat. C’est le jour où il ne convient pas que le salut soit inactif. Faites en sorte de parler à partir du jour supérieur qui est sans nuit, et à partir de la lumière qui ne se couche pas, car elle est parfaite. Parlez donc de l’intérieur, vous qui êtes le Jour parfait. C’est en vous que demeure la lumière sans déclin. 35 Parlez de la Vérité à ceux qui la cherchent et de la connaissance à ceux qui ont péché par erreur. 33 Affermissez les pieds de ceux qui chancèlent et tendez vos mains à ceux qui sont faibles. Nourrissez les affamés et ceux qui sont fatigués, donnez-leur le repos. Remettez debout ceux qui désirent se relever. Réveillez ceux qui dorment. Vous êtes assurément l’entendement capable d’appréhension.
Si la force (de votre parole) est comparable à cela, elle a encore plus de force. Portez attention à vous-mêmes, ne portez pas attention à ce qui est étranger : c’est ce à quoi vous avez renoncé. Ce que vous avez vomi, ne revenez pas le manger, ne soyez pas dévorés par les mites ni mangés par les vers, vous vous en êtes déjà affranchis.
Que le Diable n’élise pas domicile en vous, vous l’avez déjà annihilé.
Ne renforcez pas ce qui vous fait trébucher, et qui est en train de s’effondrer,
car il s’agit d’une consolidation.
En effet, le hors-la-loi, c’est quelqu’un qui est porté à faire davantage d’injustice que la Loi, mais celui-là, pour sa part, commet ses actes parce qu’il est injuste, tandis que celui-ci, parce qu’il est juste, commet de tels actes par le truchement d’autres.
Maintenant, vous, accomplissez la volonté du Père car vous êtes nés de lui. Assurément, le Père est doux et dans sa Volonté se trouve ce qui est bon.
Il a pris connaissance des biens que vous possédez, de sorte que vous vous reposerez sur eux. Car c’est aux fruits que l’on connaît vos possessions.
Les enfants du Père sont son parfum, car ils existent par la grâce de son regard. Voilà pourquoi le Père aime son parfum et le manifeste partout. Or, même s’il se mélange à la substance matérielle, il communique son odeur à la flamme et dans sa quiétude, il monte plus haut que n’importe quel son de toute espèce.
Car ce ne sont pas les oreilles qui sentent le parfum, mais ce parfum, c’est le Souffle qui possède la faculté de le sentir. Il l’aspire, quant à lui, jusqu’à lui-même, et il (le parfum) s’immerge dans le parfum du Père. C’est ainsi qu’il le restaure et le fait remonter là où il provient, hors de l’effluve auparavant refroidie.
Il se trouve dans un modelage psychique, qui existe à la manière d’une eau froide répandue dans une terre mouvante, si bien que ceux qui la voient supposent qu’il n’y a que de la terre.
Après quoi, il se libère à nouveau : tandis qu’un souffle l’aspire, il se réchauffe. Maintenant, l’origine des parfums refroidis est la division. Aussi la Foi est-elle venue. Elle a mis fin à la division et a implanté la chaude plénitude de l’Amour, pour que ne revienne plus la froideur mais qu’existe l’unité de pensée parfaite. Telle est la Parole de la Bonne Nouvelle sur la découverte de la plénitude pour ceux qui tendent vers le salut venant d’en haut, leur Espérance se tendant vers ce à quoi ils tendent, à savoir : être à la ressemblance de la Lumière en laquelle il n’y a pas d’ombre.
Si, cette fois, la plénitude est en train de venir, ce n’est donc pas à cause de l’infinité du Père que la carence de la matière en est venue à exister, plénitude qui est en cours de route pour accorder un délai à la carence, même si personne ne serait en mesure de dire de quelle manière adviendra l’incorruptible.
C’est que la profondeur du Père est devenue plus impénétrable, mais ce n’est pas auprès de lui qu’existe la conception de l’Erreur. C’est une chose défaillante, une chose qu’il est facile de remettre sur pied, grâce à la découverte de Celui qui vient jusqu’à celui qu’il fera retourner à lui. Ce retournement est appelé « repentir ». C’est pour qu’il soit guéri que l’Incorruptibilité a soufflé et a accompagné celui qui avait péché. Car tout ce qui reste est le pardon, une fois que la lumière a pénétré la carence, la parole de plénitude : le médecin, en effet, accourt là où se trouve la maladie, c’est son plus profond désir. En conséquence, celui qui est défaillant ne le dissimulera pas, car l’un a ce qui manque à l’autre. Ainsi, la plénitude sans manque, le manque de cette personne, elle le comble, c’est ce pourquoi elle la lui accorde pour combler ce qui lui manque, pour que la grâce, elle puisse ainsi l’obtenir. Lorsqu’elle était défaillante, il n’y avait pas de grâce pour elle.
Voilà pourquoi, c’était de la petitesse que l’on trouvait là où il n’y a pas de grâce. Mais lorsque l’on a obtenu une petite part, ce qui fait défaut, elle le fait apparaître, puisqu’elle est dans l’abondance : telle est la découverte de la lumière de Vérité qui se lève sur cette personne, car elle est immuable. C’est pourquoi, au « Christ » il fut déclaré parmi eux : « cherchez et que s’en reviennent ceux qui sont désorientés », afin qu’il puisse les oindre avec une « onction » d’huile. L’onction est la compassion du Père qui allait être compatissant envers eux.
Or ceux qu’il a oints sont les parfaits. Car ce sont habituellement les vases pleins qui sont enduits. Or lorsque l’enduit de l’un en vient à disparaître, il se vide et la cause de sa défectuosité est la partie dont l’enduit est sur le point de disparaître. Effectivement, à ce moment-là, un seul souffle de vent le fait s’évaporer, à cause de la force de ce qui l’accompagne.
30 En revanche, pour celui qui est intact, rien ne peut lui enlever son sceau et il ne se vide aucunement.
Bien plutôt, pour compléter ce qui lui manque, le Père qui est parfait le remplit de nouveau. Il est bon. Il connaît ses semences, car c’est lui qui les a semées dans son Jardin. Or son Jardin est son lieu de repos. Telle est la perfection dans la pensée du Père et telles sont les paroles, expressions de sa délibération. Chacune de ses paroles est le fruit de sa Volonté, unique dans la révélation de sa Parole.
Alors qu’ils constituaient encore les profondeurs de sa pensée, la Parole proférée les a révélés. Or une intelligence qui s’exprime, qui est Parole et grâce silencieuse, se nomme : « Pensée », puisqu’ils étaient à l’intérieur sans être révélés.
15 Elle en vint donc à être proférée, lorsqu’il plût à la Volonté de celui qui l’a voulu.
Or la Volonté est ce en quoi se repose le Père et ce en quoi il se complaît. Rien n’advient sans elle, rien n’advient sans la Volonté du Père. Mais insaisissable est sa Volonté. La Volonté est sa trace. Or nul ne peut la décrypter et nul ne se trouve en mesure de la suivre pour l’appréhender, mais au moment où il le veut, telle est sa Volonté. Même si le moment ne leur plaît pas, ce n’est rien devant la volonté divine. Car le Père connaît leur origine à tous et leur destination. Lorsqu’ils y seront parvenus, il les accueillera. Or, leur destination est d’acquérir la connaissance de celui qui est caché : c’est le Père de qui provient le Commencement, vers qui retourneront tous ceux qui proviennent de lui.
Ils sont apparus pour la gloire et l’exaltation de son Nom.
Maintenant, le Nom du Père est le Fils. C’est lui qui au Commencement donna nom à celui qui provient de lui, qui est lui-même, et il l’enfanta comme Fils. Il lui donna le nom qui était le sien. C’est à lui, le Père, qu’appartient tout ce qui est auprès de lui. Le Nom est sien, le Fils est sien. Celui-ci, il est possible de le voir. Le Nom, en revanche est invisible. Car il est le mystère même de l’Invisible parvenant aux oreilles qui en sont entièrement remplies grâce au Fils.
C’est que le Nom du Père n’est pas exprimé, mais il est révélé dans un Fils.
Ainsi, comme le Nom est grand !
25 Aussi, quel est celui qui peut lui attribuer un nom, le grand Nom, si ce n’est celui à qui le Nom appartient, et aux Fils du Nom en qui se reposait le Nom du Père et qui en retour se reposaient eux-mêmes dans son Nom.
Dans la mesure où le Père n’est pas venu à l’existence, lui seul a pu l’enfanter pour lui comme Nom, avant même de disposer les éons (les êtres), afin que le Nom du Père soit établi au-dessus de leurs têtes, comme Seigneur.
C’est en effet le Nom véritablement ferme dans ses prescriptions, et dont la puissance est absolue. Or, le Nom n’est pas constitué de vocables, et son Nom ne correspond pas non plus à des désignations, mais il est invisible.
Lui-même se donna un nom, puisqu’il se voit lui-même, c’est donc lui seul qui est capable de se donner un nom. Car celui qui n’existe pas n’a pas de nom.
Comment donc pourrait-on nommer celui qui n’existe pas ?
15 En revanche, celui qui existe, existe avec son nom et se connaît lui-même, en sorte qu’il se donne un nom à lui-même : c’est le Père. Son Nom est le Fils.
Par conséquent, ce n’est pas sous la chose qu’il l’a dissimulé, mais il existe :
le Fils lui-même exprimait le nom. Le nom est donc bien celui de Père tout comme le Nom du Père est le Fils, son intimité.
Car autrement, où pourrait-il trouver un nom si ce n’est auprès du Père ?
Mais, très certainement, quelqu’un dira devant son camarade : qui ira donner un nom à celui qui lui préexiste ? Car enfin, les enfants ne reçoivent-ils pas leur nom de leurs parents ?
Avant tout, il nous faut réfléchir à la question : qu’est-ce que le Nom ?
C’est le Nom qui existe réellement. Ce n’est donc pas le nom que l’on reçoit de son Père, car c’est lui qui existe comme Nom propre.
Par suite, ce n’est pas sous forme de prêt qu’il a obtenu le Nom, contrairement aux autres, en fonction de la configuration selon laquelle chacun est agencé. Celui-ci est le Nom propre. 15 Nul autre ne le lui a donné.
Bien plutôt, il est innommable, il est indéchiffrable jusqu’au moment où l’a énoncé celui-là seul qui est parfait. C’est lui qui peut dire son nom et peut ainsi le voir.
Or, lorsqu`il lui plût que son Nom chéri soit son Fils, c’est alors qu’il donna le Nom à celui qui sortit des profondeurs. Celui-ci divulgua ses secrets, car il sait que le Père est sans malice. 30 S’il l’a proféré, c’est précisément pour qu’il parle du Lieu, à savoir de ce lieu de repos d’où il vient, et pour glorifier la Plénitude, la grandeur de son Nom, ainsi que la douceur du Père.
À chacun, le lieu d'où il vient, il le lui révélera et dans le lot, au moyen duquel il a obtenu son rétablissement, chacun s’empressera de retourner de nouveau :
c’est qu’il provient du lieu même où il a été établi, goûtant de ce lieu-là, y recevant nourriture et croissance. Son propre lieu de repos est ce qui lui donne sa plénitude. Tous les lots provenant du Père sont donc sources de plénitude. Tous ses lots ont leur racine en celui en qui il les a tous fait croître. Il leur a donné une orientation, chacun de ces lots est ainsi manifeste, dans la mesure où de leur propre pensée. Car là où ils projettent leur pensée, c’est exactement là où leur racine les tirent vers le haut, dans toutes les hauteurs, jusqu`au Père.
Ils jouissent de sa tête, qui est pour eux un délassement, et ils se pressent intimement, se trouvant si près de lui que, pour ainsi dire, ils reçoivent de Sa Face, à cause de cela, comme des baisers.
Or ceux-ci ne se présentent pas ainsi : ils ne se sentent pas eux-mêmes supérieurs, ils ne diminuent pas non plus la gloire du Père, ni ne considèrent celui-ci comme mesquin, ou acerbe ou colérique, mais ils le voient sans malice, serein, plein de douceur, connaissant chaque voie avant même qu’elle ne soit venue à l’existence. Aussi n’a-t-il nullement besoin qu’on lui ouvre les yeux.
Voilà comment sont ceux qui tiennent d’en haut leurs possessions, de la Grandeur sans mesure, se tendant vers l’Un seul, le parfait, lui qui est là pour eux.
Et ils ne descendent pas dans l’Hadès, et on ne trouve pas en eux d’envie, ni lamentations ni mort.
Bien plutôt, ils se reposent en celui qui est en repos. S’ils ne sont pas dans l’embarras ni ne s’embrouillent à propos de la Vérité, c’est qu’ils sont eux-mêmes la Vérité. C’est en eux que le Père demeure tout comme eux demeurent dans le Père.
Étant parfaits, ils ne sont pas divisés à propos de ce qui est véritablement bon
et ils ne causent aucun dommage quelconque, mais se reposent, rafraîchis, dans l’Esprit.
Or, ils devront être à l’écoute de leur racine, chacun étant attentif à ces choses en lesquelles on peut découvrir sa racine et ne pas blesser son âme. Tel est le lieu des bienheureux. Tel est leur lieu !
Maintenant, quant au reste, qu’ils sachent, en leur lieu, qu’il ne me convient pas, puisque j’en suis arrivé au lieu de repos, de parler d’autre chose, si ce n’est de là où je vais demeurer, pour être ainsi attentif à chaque instant au Père du Tout ainsi qu’à ceux qui sont véritablement frères, sur qui ruisselle l’amour du Père et au milieu de qui il ne fait jamais défaut :
ceux qui, pour leur part, sont véritablement manifestés, car ils demeurent véritablement et éternellement dans la Vie et parlent de la lumière parfaite, remplie de la semence du Père, qui se trouve dans son cœur, en plénitude.
C’est en lui qu’exulte son Esprit et s’il glorifie Celui en qui il demeure, c’est qu’il est bon, que sont parfaits ses enfants et qu’ils sont dignes de son Nom.
Oui, ce sont bien de tels enfants qu’aime le Père.
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